Quatre panneaux de Pierre Bonnard, « Le grand jardin », Musée d’Orsay (vers 1895), « Enfants jouant avec une chèvre », Pola Museum of art, Kanagawa (vers 1899), « La cueillette des pommes », Pola Museum of art, Kanagawa (vers 1899), « La cueillette des pommes », Virginia Museum of Fine Arts, Richmond (vers 1895).
elle court et sort
du tableau avec
est-ce toi enfant
l’adieu de la main
qui vole comme le linge
vite emporté à moins
que la pomme prise
ne fasse chanter
le coq et bouder
le chien bande-t-il
dans ce paradis
au ras des herbes
tout vient devant
comme toi jusqu’au
ciel tombé ou ce sont
les pommes
les enfants en blouse
blanche les font
rouler jusqu’au
panier tu me le donnais
pour des prunes
et je cours encore
vers cette haie de têtards
mais serais-tu cachée
derrière le sapin
en bonnet pointu
je serai ton grand
rabin si tu fais ma
demoiselle en bord
de Seine Claude Terrasse
jouerait la musique
de notre ubuesque
partie de campagne
*
la couronne d’arabesques
sur fond de brosse verticale
troue la scène comme
une décollation ou
c’est tomber avec les bras
autour du cou de la chèvre
comme ces branches
cette petite bacchanale
comme nous nous couchions
dans ce trou de verdure
il te faut remonter toute
la haie qui sépare
deux verts comme ces
deux branches elles
penchent vers l’autre
tableau je te suis et
les trois
enfants tombés là
comme les pommes
pendant que les fanes
oranges penchent je
te croque
*
il faut bien la croquer
et se pencher sous
la calligraphie de ton automne
encore vert et s’ébrouerait
l’hiver comme ton cou offert
ou les joues des enfants
pour un baiser que je te donne
vite
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