(à l'occasion d'une visite à l'exposition du musée de l'abbaye à Saint Claude - Jura, été 2017)
s'enraciner ou coucher sous la lumière
comme si l'éclat jaune dissimulait
tes bras l'embrassade et le ciel assombri
ou ce sont les ombres qui caressent
tes après-midis encerclées de vert
à vif l'écorce jusqu'à tout nous couvrir
d'ombres et de peintures je t'entrevois
toutes tes nudités dans l'air chaud
d'un contre-jour tu fermes les yeux
de toutes les natures fortes à midi
Ker-Xavier Roussel, L'étreinte ou Paysage au couple au pied d'un arbre, 1898.
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si le ciel perd tout son bleu
dans la mer
le faune qui joue danse une spirale
rouge voit double la nymphe agitée comme deux
un arbre à la brise des chaleurs ce serait ainsi
le tourment de plonger mes yeux
dans tes bleus nus
une rouge danse blanchit
les cieux
si dans le verger
j'invente tes jeux c'est mon fifre
il joue comme deux enfants
sa jupe rouge leurs genoux qui trouvent
le paradis dans des si pour de vrai
ou comme tu soulèves un bras et le plus petit
court tomber son bleu vers
ton jaune à la peau bronzée
et le verger c'est chaque arbre
chaque cerisier en fleurs pour dresser une nappe
à une sainte victoire au loin
ma peinture comme un petit pan de toit
rouge et encore les criquets tambourinent
tu vas rouler au verger
de nos mythologies
toutes les touches de combien de printemps
j'ai compté combien j'ai
tout perdu tombé dans ce panorama
sa lumière sur mon dos
nos enfants agrandissent le monde
comme une histoire
pleine de dieux au jardin j'ai descendu
tout ton long
Ker-Xavier Roussel, Dans le verger, 1928.
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c'est au creux de rêves
ambulants et pourtant rien ne bougerait
le corps noyé dans la chaleur les cigales
ou seulement les grillons tout répond
quelle surprise tu
avec les bleus lointains
nages dans quel rose et vert
des étirements de lumière
et les ailes jaunes tout chute
mêmes les vieux mythes
partagent une joie
de rouler comme les arbres
et l'air sous ma phrase
une ligne rouge nous relie
Ker-Xavier Roussel, L'après-midi d'un faune, 1927 |