de dos
ta lumière me montre nu
en traversant les tableaux de Vilhelm Hammershøi
avec une phrase de Nicolas de Staël :
« Je t’aime si clairement » (lettre à Jeanne Polge, janvier 1955)
comme des ombres les mains œuvrent
dans l’odeur chaude d’une lampe mais
c’est le bois qui gardera les miettes
de ma vue dans l’obscur de tes gestes
avec les coudes dénudés et puis l’oreille
ta nuque en pleine lumière retient
toute la masse noire si calme de mes rêves
à peine entrevus sur le mur que tu observes
dans ses touches ternes indémêlables
le ciel n’est bleu que très haut et tout
l’instant dure tu marches
dans l’infinie résonance des nuages
comme si je volais
vers quel moulin à paroles
ou plutôt dans ton silence
et toute la palette du mur mais aussi
ta chevelure tu dis qu’ils seront
doux quand pour l’instant ta nuque
se tourne pour renverser quelle porcelaine
dans un déséquilibre
que le damier à la Paul Klee d’un dossier
de chaise ne peut que rythmer
me voilà dans ton dos comme tes yeux
face à tout le faux monochrome de nos
jours
seuls des filets blancs et pourtant avec le noir
mais je distingue bien l’échancrure
dans ton dos jusqu’à la nuque qui chauffe
tu dis que je souffle avec le silence
sur la table trop grande de nos colloques
sentimentaux et l’angle comme
recadré de ton départ
toutes ces pièces reprises dans ma vue
font ton histoire
elle occupe mes nuits
comme si une poignée de porte
ouvrait toujours à la lumière
de vivre ici
mais le mystère agrandit tout
à portée de vue si nos yeux
s’embrument quand tout est rangé
sauf cette tasse que je garde
en mémoire pour entendre
ta bouche boire l’air qui nous relie
ainsi que le soleil
s’applique dans une trainée comme
ta robe à remplir de mille atomes
le vide de ma vue
car oui le mur est nu
comme ton poignet qui retient
toutes sortes d’ombres sur le mur
et ton épaule respire
l’air de rien dire seulement
de face je te sens ici
devant dans ces clartés
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