il y a un saule qui
pleure dans La Troisième France
il est au bord de la Seine et Soni ne regarde que lui
voilà un livre gros de poèmes et il en manque beaucoup
mais je les entends tous qui disent très fort maintenant
tous ces poèmes raturés biffés comme recommencés
courent vite vite et nous rattrapent et voilà qu’on devient
oui on devient clair-de-verbe comme un clair-de-lune
et si j’ai chanté Mao avec Soni je vais passer ma mort
à renverser la vie dans
des racontages au bord du fleuve
pour hurler oh que
l’espoir est inhabitable c’est le poème
qui nous habite subversivement
pour tout déménager
le Congo et la Seine l’enfer et le paradis et pour
construire
des villages de
visages dans un corps qui bouge sa langue
de répétitions en répétitions c’est la vie cyclone la rage
de tempête
et tu creuses
l’énigme Soni voulez-vous que je
vous dise ?
tout est dans tes ici et tu nous
donnes voix
dans la viande
mais ta boucherie invente des gestes rythmes
nouveaux où jamais tu habites ici et toujours avec nos sœurs
goûtant la nuit
vers des recommencements dans l’émeute
de naître
par-dessus toutes les culpabilités incorporées
et contre les nihilismes tu écoutes en intensifiant le silence
nous encercle mais
c’est terrible cet écrasant vertige
d’écraser
alors avec des gestes
d’assassin tu écris tout contre la
matière
en courant parce
qu’avec toi je suis traversé par le plus vivant
la longue marche au
fond de la chose humaine t’épuise
sans que jamais tu ne cesses de creuser dans la sève noire
tu répètes l’écrasement qui
nous monte à la gorge pour
le combat des intérieurs dans des démangeaisons mais crier
était trop simple
et voilà que tu demeures dans des poèmes
ici et ici et ici jusqu’à sa majesté VERTIGE
sans savoir à qui
est le poème et le temps de
dire que ce grain de sable est
une carte du monde
pour tout refaire dans tes naissances
Soni recommence mon poème essoufflé dans ton entêtement
il était
une fois
un boxeur
contre
les idées
pas que
les toutes
faites
les idées
qui passent
pas par
la viande
qui titre
l’homme
et pas qu’une
fois
il ose
chaque fois
que sa fougue
quittait
les ondes moyennes
pour qu’un volcan
éructe
sa vie
hors frontières
pour couper
court à tout cet
Occident
où se défait
l’humain
c’est Soni
c’est la rage
d’aimer
et ses camarades
c’est nous
lisons
tout son branle
bas de vivre
pour enfin
respirer
tout essoufflés
à toute voix
même dans
la boue
du poème
toute la
solitude
et pour
nous retrouver
avec la fête
de dire
toutes les fois
qu’il revit
je suis moi
volontaire
à la condition
d’homme
et c’est fort
avec Soni
chacun peut
faire le poème
de sa vie
il tient
tête
à ceux qui renoncent
il vrombit
sans hésiter
de toutes les rimes
et refus
il relie jusqu’au
vertige oui
Soni jusqu’au
silence de crier
comme des nègres
nous buvons
l’insaisissable
dans tous les rêves
de t’écrire
bonsoir Soni
dans quelle étoile
tu as sommeil
fonce dans la terre
dire le premier oui du
monde dans tous les refus et les recommencements
voilà comment tes poèmes inventent un je contre la tragédie des
logiques
et ton lecteur perdu dans des mondes sans espoir écoute ta
voix qui très passe
dans ta fière
turbulence pour nous emporter chacun et chacune danser dans
notre sang comme c’est toi qui déborde là-bas et dis très fort dormez les choses