en visitant le Mauritshuis à La Haye, été 2014
(de
loin)
il
suffit de faire face mais si
la
lumière coupe
tenir
le front sous la poudre
comme
si les cheveux auréolaient
le
cou blanc
et
son reflet dans la masse
noire
qui porte
un
oui fort de peinture de face
(de
près)
les
lèvres disent comme
les
yeux tout un port tenu
l’intelligence
frontale et l’épaisseur
blanche
du col
comme
une émergence où
la
peinture recommence
il
entend bien d’un lobe fin protégé
par
les boucles soyeuses
(Rembrandt, Autoportrait de 1629)
un
panache avec un léger
regard
arrière droit sur le regardeur
mais
c’est
lui
et la boucle d’oreille qui écoute
le
reflet au col luisant jusqu’à
l’ombre
tout
s’entend
sa bouche murmure
la
peinture continuée
(Rembrandt, Tronie of a Man with a Feathered Beret,
1635-1640)
elle
a peur dans le déséquilibre et sent
ou
c’est le linge qui se froisse
et
la peau suit ses plis
dans
la fraîcheur d’une nudité
retenue
en pleine lumière
comme
la main ou
la
courbe
de
l’ombre sur son dos il voit tout
ce
qu’elle cache
(Rembrandt, Suzanne, 1636)
la
lumière s’apaise même si
le
front brille
quand
les yeux fatigués
laissent
la bouche
sourire
en coin il fait
face
avec toute sa force
sachant
bien qu’il peut décliner
tous
les gris
(Rembrandt, Autoportrait, 1669)
il
est pris mais
à
quoi si son chant
nous
regarde comme
l’éclat
du mur
alors
les rondeurs dorées
arrondissent
les rémiges
qui
crient
le
vol libre
(Fabritius, Le chardonneret, 1634)
elle
nous invite à
les
manger ses huîtres
des
deux mains
avec
ses deux yeux qui
tournent
comme ses boucles
et
le vin blanc lui donne
des
lèvres sourire en coin
avec
tout le corps sous l’étoffe
rouge
bordée
de fourrure blanche
comme
si ouverte
la
perle était passée dans notre bouche
par
nos yeux
(Jan Steeen, L’ouvreuse d’huitres, 1658-1660)
si
le petit pan de mur jaune
fait
le toit il ne peut
que
s’entourer d’ombres étranges tombées
du
ciel
ou
c’est la confusion des eaux
sur
les briques et tuiles
et
encore ardoises qui creusent
la
vision du calme matin
bonjour
monsieur Vermeer
levé
si tôt pour survoir
un
ciel
dans
un pan
les
ombres donc grandissent
ou
s’intensifie le foyer des toits du clocher
c’est
lui qui voudrait rythmer
quand
le jeu des nuages emporte
tous
les toits et fixent un pan
quelques
larmes jaunes
entre
deux ardoises
d’un
bleu noirci
(Vermeer, Vue de Delft)
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