jeudi 26 décembre 2013

Jean Rustin avec Bernard Vargaftig : l''exactitude de l'effroi

Jean Rustin est mort le 24 décembre 2013. Il disait : "Ma peinture est un discours silencieux, sans mots !" Non seulement il situait ainsi sa peinture au coeur du langage mais sa théorie du langage savait que ce ne sont pas que les mots qui font le discours mais bien plus le silence et la résonance.
Parmi ceux qui ont su résonner avec sa peinture, Bernard Vargaftig qui me l'a fait découvrir. Disparu il y a bientôt deux ans (la revue Résonance générale a publié récemment dans son numéro 6 son premier livre épuisé), il a écrit avec des dessins de Rustin Exactitude de l'effroi (Collodion, 1999). En voici le premier poème pour redire combien l'un et l'autre nous manquent et continuent dans nos vies (Vargaftig sous-titrait ce livre partagé : "ce qui ne cesse de peindre") :

Que pense le tremblement
Espace à la fois un souffle quand 

L’appartenance fait bouger
La chute et le paysage de la chute 

L’immense éraflement d’être le début 
Qui laisse à la stupéfaction 
L’impatience si vivante
Rien ne se sépare du hasard
Été et nudité jamais effacée
Sont la défaillance qu’il y a
Comme l’oubli d’avoir peur
Auquel l’intégrité ressemble
Avec les oiseaux circule sous l’enfance 

Où dans ce que le silence signifie 
L’embrassement se précipite
Devant l’ombre et les rochers
Dont la disparition me recouvre
 


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