samedi 6 juin 2009

Gestes sur la grève (5)


(la relation sans fin)

Des revenants qui n'ont pas de passé mais qui font le présent parce que l'apocalypse a eu lieu. Ils voient des morceaux d'un passé et ne les reconnaissent qu'à peine. Ils et elles jouent comme dans une cour de récréation crevant tous les murs. Ils jouent dans le sable, jouent à la balle, défont et font. Trois petits tours. S’en vont.

 

T'aimer après ton viol

Te regarder après ta défiguration

Dire ton nom après ton immatriculation

Qui pose ces interdictions

Rien ne peux dire à la plage

Je ne peux pas mais je fais

Te sucer après ton émasculation

Qui joue à ne pas jouir

Qui oblige à un corps invivable

Qui fait l'image de ton corps

Je commence avec tout ce qui a empêché les commencements

Je t'aime dans un cri qui consonne contre toutes les images

Mon cri d'amour est de naissance et de jouissance

Mon creux d'amour est cultivé et spirituel

Tu es bestialement décivilisé et primitivement acculturé

Mon cri d'amour porte ta réponse

Je crie ton acte ton commencement ton envol

Des voix disparus viennent dans nos cris d'amour

Mon amour les faire revenir

Mon amour avec eux à côté

Tous sont là dans la plus grande obscénité

Tous nous voient faire l'amour

Ton amour dénude me laissant vêtu

Ton amour dénude la chambre le palier le quartier Dieu

Faire l'amour avec tous les corps de ta voix

Tous les morts me voient te voient nus

Tous les disparus sont nus aussi

Je t'aime avec tes morts avec tes silences

Mes morts viennent avec les voix de ton corps

Les disparus se glissent dans nos copulations

Les disparus passent dans nos emmêlées

Je t'aime dans eux les disparus qui crient

Tu viens nous aimer dans cette obscénité

Rire et pleurer dans cette obscénité

Gros rires et chaudes larmes

Grossièretés et souffles doux

Ta nudité fait la mienne

Toutes les nudités nous étreignent

J'embrasse tous tes embrassements

Donne-moi ton pied : à la guillotine

Donne-moi ton sexe : au presse-purée

Passe-moi ton nez : aux lèvres d'en bas

Passe-moi ta langue : au trou de balle

La balle est dans notre camp

Le camp est dans notre tête

Donne-moi tes nerfs : à la vieille gégène

Passe-moi ton doigt : à la mésalliance

La tête est dans notre chef

Le chef est dans son chapeau

Le chapeau le chapeau le chapeau

Mou

Fou

Fort comme la mort

Mourir de rire dans le mou trop fort de ton rire

Mon amour est un château fort

Ton amour est fort de château

Ma chatte de sable forte comme l'amour

La mer emporte mon chapeau

Les caresses violentes de la mer t’inondent

Tes tempêtes liquides sur le dos de mes crabes hilares

Ton monde fait l'amour dans la convulsion de mes guerres

Et je te fais ce que je ne sais pas

Et je te fais ce qui n'a pas encore de nom

Et je te fais parce que l'amour est trop ce désastre

Tu me fais ce désastre sans nom

Allons côte à côte vers nos naissances futures

Ils vont côte à côte les corps célestes ici maintenant

Toujours ici maintenant toujours

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