samedi 15 juin 2019

Une partie de campagne avec Pierre Bonnard



Quatre panneaux de Pierre Bonnard, « Le grand jardin », Musée d’Orsay (vers 1895), « Enfants jouant avec une chèvre », Pola Museum of art, Kanagawa (vers 1899), « La cueillette des pommes », Pola Museum of art, Kanagawa (vers 1899), « La cueillette des pommes », Virginia Museum of Fine Arts, Richmond (vers 1895).

 

elle court et sort
du tableau avec
est-ce toi enfant
l’adieu de la main
qui vole comme le linge
vite emporté à moins
que la pomme prise
ne fasse chanter

le coq et bouder
le chien bande-t-il
dans ce paradis
au ras des herbes 
tout vient devant
comme toi jusqu’au
ciel tombé ou ce sont
les pommes 

les enfants en blouse 
blanche les font 
rouler jusqu’au
panier tu me le donnais
pour des prunes
et je cours encore 
vers cette haie de têtards
mais serais-tu cachée

derrière le sapin
en bonnet pointu
je serai ton grand
rabin si tu fais ma 
demoiselle en bord 
de Seine Claude Terrasse
jouerait la musique
de notre ubuesque

partie de campagne

*





la couronne d’arabesques
sur fond de brosse verticale
troue la scène comme
une décollation ou
c’est tomber avec les bras
autour du cou de la chèvre
comme ces branches
cette petite bacchanale 
comme nous nous couchions
dans ce trou de verdure

il te faut remonter toute
la haie qui sépare 
deux verts comme ces 
deux branches elles
penchent vers l’autre
tableau je te suis et 
les trois
enfants tombés là 
comme les pommes
pendant que les fanes
oranges penchent je
te croque

*

il faut bien la croquer
et se pencher sous
la calligraphie de ton automne
encore vert et s’ébrouerait
l’hiver comme ton cou offert
ou les joues des enfants
pour un baiser que je te donne

vite