jeudi 25 août 2011

Rouge c'est bête

dans la collection "Jamais" pour les livres pauvres de Daniel Leuwers,
six exemplaires manuscrits par Serge Ritman sur des peintures d'Aaron Clarke


Rouge c’est bête



dans la chambre les peintures voient

la nuit en diable tu rougis nos bêtes

c’est l’éveil de toutes tes mains plus

que deux notre bon lion cénobite et

son âne l’a mangé tu es mon apostasie

toutes s’embrassent nos bêtes c’est feu

à la vie à la mort jubilons en vers c’est

éclair d’œil
et lion vit
ton cri
gémissement
et dans les oreilles reste seulement a-a-a
jouis rouge tu ris












mardi 23 août 2011

Ancet & Clarke : Lumière mortelle

Jacques Ancet & Aaron Clarke, Lumière mortelle, éd. centrifuges, 201120 exemplaires numérotés et signés par l'auteur et l'artiste (à commander pour 60 euros à Armand Dupuy, La Ville 69470)
Jacques Ancet commence par "on entre" et c'est exactement ce que fait le travail d'Aaron Clarke : "entrer". Plus précisément l'un et l'autre entrent dans l'inconnu ou plutôt avec, par et pour. Et "la neige le recouvre et l'éclaire" - l'ombre du papier calque - vient comme rendre impossible la mesure de "ce qu'on ne sait pas" dans le bond deux pattes avant de l'animal - mais seraient-ce pas nos intérieurs - comme aime à nous le(s) faire sauter l'artiste. Et alors Jacques Ancet rebondit : c'est "la lumière trop vive d'être mortelle" où le silence de ce bleu jusque dans son recouvrement nous trouve en plein infime "entre journal et nuage, cette trace / dans l'air, de la lumière qui se retire". 
Voilà donc un livre fait main(s) qui nous sort et nous introduit hors toute image, c'est la force d'un emportement, soudain, sans savoir vers... 
On ouvre le livre et on est complètement vers
Merci à Jacques Ancet et Aaron Clarke de nous y avoir accompagné : tout l'insensé du poème jusque dans ses plis de papiers et couleurs.


lundi 22 août 2011

dire bondir avec Aaron Clarke


Serge Ritman



dire bondir


avec
Aaron Clarke




dire bondir tu jubiles sautes et te jettes
l’âme le cœur avec c’est tout le corps suit
et c’est l’air l’île les étoiles en nuit rouge

jamais pour retomber sur pattes ou cartes
tu sautes dans tomber à la vie insensée
à la mort peaux-rouges nos voix muent

m’hurlent toujours des gestes sans savoir
quand bondir avec notre inconnu pousse
ton petit diable ma bête c’est je-tu vers nous




éd. centrifuges, août 2011, manuscrit sur des peintures en quatre exemplaires

Mon jour c'est ton bonjour


Serge Ritman
avec
Max Partezana

Mon jour c’est ton bonjour

me lève et me couche en toi
parle en toi et te répète en moi
tu es sans repos dans le lit de
nous

couvrir          enfouir           de rire

tu es nombreuse chaque instant aime
chaque phrasé en milieu entre explose
et fend chaque mot syllabe phonème
                  aime

compter          raconter          de voix

nous c'est recommencements nuits
et jours sans arrêt sauf de vie sans retour
l'obscur de ta lumière vient éblouir
                  à vif

l’orée                  la buée         tu te lèves

long en aube temps et ta robe rouge dessous
y suis mon jour c'est ton bonjour tu bouges
inventions de voix de toi inflexions tu me
débordes

et la nuit issue belle je rêve tes rêves

nous nous parlons en aveugle tu vises
juste et nos naissances sans cesse de nous
tout fait vie partout ici vite c’est double six

t’écrire secrète
te taire voix haute
nous faire saut
élan de nous

vendredi 19 août 2011

sis (extraits)

du fond du quai jusqu'au départ t'ai 
approchée à la voix transmise
et l'impossible de te voir tu me guidais et te décrivais
et ne voyais rien alors tu m'as pris en bras
et c'est tout qui nous a vu attachés des lèvres et des voix
la première fois 
à l'estime c'était tout le dehors aux ondes 
dedans ta bouche mon ombre
puis tes yeux bus dans les yeux à un doigt les deux dans 
les deux ne voyions rien venir nos pas c'est 
nous 
nous venions à l'aveugle seule tu 
me voyais et tu fermais longtemps les yeux longtemps c'est 
lumineux trop
et je chute pas moyen de prévoir la rencontre la poésie la gare l'amour tout
se fait dans la pure myopie de nos yeux trop grands en fond d'oeil où ça
mord morsure de vie à mort certaine
tu m'appelles dans ton inconnue 
- c'est féminin pas fin où l'invisible qui vient
dans ta chambre de voix l'oeil a l'âme près de lui


aphasie c'est qui du fond de quelle cellule
je crie et n'aurai réponse
comment ça va dans le bleu azur quand la gare
en tombeau hurle c'est noté de 9.08
à 16.30 puis comme explosé en plein vol il chute et 
pas un mot

pas silence 
se taire pas 
d'air le silence 
volubile gagne tout et 
me la boucle

lazare tout perdu sa vie et sa mort 
avec

arrivée mais nous c'était départ jamais 
destination
feu ! pas crève ! je les mets où 
les rêves lazare hurle jusqu'aux tiges
de coquelicots de juillet ses photo
graphies elles brûlent ça 
pue enfumés tes calculs
sans décompte nécrosés les testicules limés 
pour n'être
pas 
orphée eurydice m'a échographié l'enfermement 
sans même me retourner le train du taire
le pain d'enfer à broyer l'oiseau mon rouge
gorge décapité tu peux choisir la robe rouge
j'irai pisser tout mon sang
mon ombre à traîner tenter de hisser
aux sandales mais pourquoi la faim disparaître
tuer l'ombre même gagner ton fantôme
j'obéis à ces initiales de queue aucune initiation
quelle vie quérir  sans chérir
me hisse vers toi tout bas tout bas si