Il récitait quelques poèmes. Des ressouvenirs en avant. Qu’il écrivait en marchant. Qu’il notait ensuite. Dans ce qu’il avait appelé. Mon livre de route. Un titre restait lisible. Sur la première page. Dans ta marche.
légers déplacements
loin d’une gesticulation
à la redéfinition d’un
espace de l’émotion
neuve j’arpente ton déplacement
miracle et nudité d’un
dépouillement du corps en marche
violence d’une démarche dans ta
peau d’un non-lieu
ahanant arpentant
je me suis mis dans ta marche
résister à l’immersion
en perpétuant l’andain
gestes et rythmes avec une
légère ondulation sur la crête
dans mes reprises ta danse
sur les flots tu lèves
légères et parfumées
les herbes tu recueilles
mes chemins tu marches une continuité
une approche une proximité
le bouchon flotteur d’un
rapprochement
ma marche dans ta marche
mes premiers pas ton souvenir
un enfant marchant
un photographique
passage de nos premiers pas
les grands espaces traversés
font les dimanches
vers le digne dôme
dans les genêts sans nombre à gravir
toutes marches confondues
ton poème défait
une allégorie parfaite
de mes marches allotropiques
tes longues coulées de couleurs
déversant mon ressassement
non un de tes égarements
le lent labeur de ma lente
marche tes longues inscriptions
anthropomorphiques et cosmiques
lente apparition de ta vue
non surgissement le magique
flux de tes paroles lentes
magiquement vraies et claires
se dévoilant le regard dans ce
texte me liant en touches
t’accumulant dans le labeur
du peintre écrivant nos malheurs
laborieux à l’œuvre des silences
parenthèses s’ouvrant en sauts
s’approchant plus proche de ta
lente émotion belle inondant
l’œuvre de beautés au tragique
ravissement
composition picturale sans image
charriant dans ta marche
les couleurs du temps
les matières versant l’œuvre en
marche s’écrivant poème
mouvement lent révolution
comme ton regard lent vers les oublis
de la mémoire mise en bouche
ton texte inondant ma vision
lecture écriture de notre rêve
sentiers de ma mémoire écrite
tes pas inscrits dans les miens
au cœur d’un mouvement
une horizontale élévation
marchant s’entretient une inscription mouvante
meurtris mes
pieds ont ta vision
je fabrique la mémoire
de ton lieu partout
se colore ta matière
intériorité sculpturale
que mes yeux parcourent
dans ton mouvement engageant
dans cette marche le printemps
de l’automne
alors
ton espace remplit mon vide
enfouis en tes plis nos corps
se vident pleins de marches
l’avancée irréfléchie des pieds
transmettant ta chaotique vision
mon sol ma solitude
dans ta déambulation
mes pupilles dilatées
se contractant
dans ton va-et-vient
perpétuation te perpétuant
dans ton rêve ma marche
ainsi
sans m’attarder du sol
aux coups d’œil vers tes lointains
sollicitant seulement ton avancée
au rythme chaotique de
ta phrase en visions d’un
corps neuf
cette façon qu’ont nos voix de rester
là pour s’écouter partout
cet après-midi sous ta pesanteur fine
ta pluie continue
peut-être seulement rouiller mon pays
trace de ta nue
statique puissance souveraine
ta géographie tes éléments mobiles
une gamme immuable
trop reconnaissables
se jouent de ma vision
trop bien disposés
trop pressés
en est-ce une encore
tu bouges ton immobilité
je fixe tes mouvements
alors
aimer cette promenade cette période aimer
le neuf dans le bougé
ton regard hors ma vision
tes rêveries portées au fil du courant dans
mon lit comme tous les paysages
portant ton fort courant de ce jour-là
donnant l’impression de piétiner
nous halant au gré de ta vitesse de tes courbes
les anfractuosités ces replis de ta marche
nous plissent comme rire dans sourire
pour suivre ta rive enfoncée
alors cette péniche
remontant et si
nous nous abandonnions à ce fleuve
le bonheur à tes côtés
n’est que ton voyage
dans tous mes déplacements
vers l’inatteignable destination
seuls havres
mais goûter ta marche
comme vivre l’ivresse
et les poids qui distendent
tes désirs qui ne s’entendent
l’attachement
nous est l’infini
détachement
de ta commune
marche
marcheur
au corps dénudé
noyé dans la multitude finie
alors ta volubilité
ton passage
sur la pétrification
vivante de mon sol
étagement de tes saisons
senti par l’appendice du voyage
hors notre histoire pas d’espoir
au rythme de tes naissances géographiques
ton bâton à ma main
érection
d’un appel tous tes noms
dans le paysage ton rythme
des lieux inconnus
cette longue randonnée ton vertige
entre ton ciel et l’eau
secoue déambulant le rêve
de mouvements et de gouffres
comme le poème me noie
ta crayeuse falaise
dans le vacarme des mouettes jette ta
blancheur aux verts remous
sous ton ciel qui chevauche mes nuages blancs
et déploie ton vertige au péril de ma marche
au bord d’un précipice
vers nous sans que fonde
ta chute et
les éléments orphiques
au fond de tes pas sous leur tournoiement
ma marche suspendue
s’élance dans ton poème
tes mots et se déploie
la courbe tabulaire avec
ta marche mon labyrinthe
tes mots et le dithyrambe
tes marches dionysiaques
ta dynamique nos corps
des objets drossés
à ton gouvernail sans
gouverne
tu établis sur ma terre
une côte
pour y accoster
côte à côte ta marche
et inconnu la volubilité
s’y mouvant sans cesse
continu le flux de
discontinuités événementielles dans
ce passage
par ces quotidiennes marches vers ton ciel ponctué
sombre vu d’ici-bas
j’erre je passe je marche je repasse tu
m’enfuis l’inexorable
fuite de mes marches contourne de tes détours
ma géographie dans
ton temps je continue
notre relation son flux
la lente accumulation
de nos marches
semblable à mon désespoir
ma dispersion
ma procession somnambulique
dans tes marges
nos humaines sécrétions
de tes marches
grossissant mon lent cortège
théories de mots en errance
sécheresse noyée dans le flot de tes pas
défilant
nomade dans le déambulatoire
de tes promenades
le poème va l’amble et il me semble
perdre ton auditoire
mon chœur te contourne dans le
silence ambulant à écouter la galerie répugne
ton chemin sous terre
des mots de ta marche
en un sentier transversal creuser
la bouche de mon
musée le mouvementé
une galerie de marches
dans les mots sédentaires
les chemins t’écrivent
effacent ton inscription
et l’essai désespéré cette histoire
d’un cheminement
de tous ceux qui parcourent les paysages
leurs rêves nus
détours au rythme des accidents
simple invitation appel simple
suivre les passages du voyage
effacer l’inscription dans le paysage
j’écris alors ta
géographie dans ton histoire
nos multiples marches
pérégrinations avec la mort
en retours de vie
lente aspiration
aspirant la déambulation
sans s’attarder aux accidents
d’une vision purement anecdotique
noyé le regard déplace
le lieu perdu dans la joie
d’une commune géographie
je marche marchant tes lieux
avec ta vie ma vie marche
et ta lente expiration
inspire ma déambulation
tu me marches je te suis
Dans ta marche. Il continuait. Refermant le cahier de route. Il le donna ou l’oublia. Le conte n’en finit plus. Depuis toujours. De bouche en bouche. Au pays de l’oubli. Plus loin que la mémoire. Je te suis donc tu me marches. Il me le dit dans le silence. Infiniment. Il aura été mon écoute. Au pays de l’oubli. Là où l’on entend ce qui est tu.
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