mercredi 1 avril 2009

Au pays de l'oubli (chapitre 12)


Il n’y avait plus qu’à se répéter. Quelques bonnes paroles toutes faites. Quelques citations à comparaître. Paroles toutes faites. Comme celles qu’on chante. Sans plus savoir ce qu’on dit. Alors quand les marionnettes de l’histoire. Quand les idées de ceux qui savent qu’ils sont. Dans le courant de l’histoire. Quand elles ont fait leur petit tour. Et puis s’en vont. On entend l’inattendue. La parole qu’on n’attendait pas.  La contre-parole. La parole libre. Celle qui ne nomme pas. Ni ne correspond à ce qu’on voit. Perçoit. Conçoit. Oui. On est déçu. Parce que c’est inactuel. Comment entendre. Ce qui paraît s’entendre d’un autre âge. Quand c’est un pur présent. Une réponse pleine. Un accent aigu mis à l’art. Un élargissement de l’art. Disait-il dans le titre d’un de ses chapitres. Avant qu’il ne sombre dans le rire. Ou ne s’élève dans le fou rire. Mais il l’élargissait encore. En partant de ce sujet anonyme. Qui méduserait la moindre banalité. En œuvre d’art. On voudrait être une tête de Méduse. Pour garder un air la vie durant. Avait-il écrit. Cet air interdisant le ton ronflant. Le bruit immonde. Qu’il faut pourtant respirer. Dès que l’art pointe son nez. Odeur de fond qui ferait verser tout l’art. Dans l’irrespirable. Mais lui savait bien qu’en s’oubliant. Il oubliait. Les conditions de l’art. Il revenait à cette parole. Inactuelle toujours. Il s’agrippait à ces banalités. Qu’il médusait. Disait-il. Ces deux jeunes femmes qui lisaient. Il en avait fait les interlocutrices éternelles. Du poème. Il répétait leurs paroles toutes faites. Reprenait l’air. Qu’elles chantaient sans savoir.

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