dimanche 5 avril 2009

Au pays de l'oubli (chapitre 13)


C’est que le poème est toujours. À distance. Ne serait-ce que s’oublier. Comme dans le fou rire. Comme dans les pleurs sans raison. Comme un air qui se dégage de toute culture. De tout rituel. Mais qui accompagne cette banalité. Et le poème court devant. Et l’air nous aide à le suivre. Qui brûle les étapes. Il retrouvait cette figure féminine. Cette parole. Comme une personne enfin déchargée de l’existence. Mais vivante. Vraiment vivante. Alors il marchait sur la tête. Il renversait même l’obscurité. Il rapprochait les lointains. Il touchait le cri par le silence. Il tournait son air dans une renverse. Du souffle. Et ce n’était plus lui seul. C’étaient elles deux. Et peut-être n’importe qui. C’était chacun qui dégageait les voies. De l’art de vivre libre. Sans aucun art de vivre. Avec la mémoire de ce jour qui avait tourné tout. Ce que l’air parlait en air de ce jour. De ce jour inconnu avant le poème. Reconnu enfin par le poème. Ce jour qui mettait l’air. Dans l’inconnu. Quand on ne savait même plus. Qu’on le savait par cœur. Il semblait alors affirmer sa solitude. Au cœur même de cette rencontre secrète. Son fou rire cachait mal sa concentration. Son obsession même. De se concentrer sur cette date. Ce jour qu’il rend à son temps. Un temps propre. Un temps intègre. Et c’est dans cette direction. C’est vers cette utopie qu’il riait. De son fou rire. Qu’il marchait sur la tête. Qu’il parlait avec un poème qui marche. Dans la montagne sans élargir l’horizon. Un poème qui lui disait. Je t’ai rencontré. Pour que ma voix vienne. Mais sur la carte. De la montagne il n’avait touché. Qu’un méridien. Le 20. Il disait le 20 janvier. Mais il savait que la parole est. Ronde. Comme la terre.

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