mardi 10 mars 2009

1909-2009: au présent des poèmes à Bordeaux avec Jérôme Roger


J'ai plaisir à inviter les amis bordelais à aller écouter Jérôme Roger à BORDEAUX, Librairie Olympiques, Marché de la poésie, Halle des Chartrons, le 21 mars 2009. C'est aussi l'occasion de resserrer, avec ce texte de présentation écrit par Jérôme, les réflexions analogues faites ici à l'occasion de cette édition du "printemps des poètes". Oui! le présent des poèmes nous démultiplie... Merci Jérôme.


 
AU PRESENT DES POEMES ( 1909/2009)
Digressions-transgressions.


 
  
-1909 (février) : lancement  
de la NRF.
- 2009 : ?

Pour conjuguer au présent quelques uns des poèmes les plus marquants de ces cent années écoulées (une gageure !) , il ne suffit pas d’épeler par couples des noms déjà légendaires, Apollinaire/Cendrars, Artaud/Rivière, Pasternak/Tsvetaïeva, Reverdy/ Aragon, Kerouac/Ginsberg, ou d’autres plus proches, mais pas moins étrangers, Jacottet/Reda, Prigent/Heidsieck/ Rouzeau/Tarkos. Il ne suffit pas non plus d’attacher ces noms à des « écoles », des « mouvements », des « courants »  flanqués du même suffixe « - isme », car le présent de la poésie, s’il a à voir avec l’histoire littéraire, jette sur elle un  oeil oblique, un regard trouble, ondoyant et divers.
« En un temps, comme l’écrit Jean-Baptiste Para, où le présentisme, qui est tout le contraire de la présence, tend à devenir coercitif et absolu », il y a urgence de faire résonner le présent nombreux du poème : le contemporain (que se sont souvent  annexé les avant-gardes du Xxème siècle), la tradition (notoirement confondue avec le patrimonial),  la modernité (que certains croient dépassée par tous les post-),  l’aujourd’hui, qui n’est pas le contraire du passé mais au contraire son futur immédiat, comme le montrait déjà Cendrars dans ses conférences réunies en 1931 dans Aujourd’hui : 1917-1929.  « A quel siècle faut-il se pencher pour s’apercevoir ? » demandait Michaux ; et Pasternak : « Les amis, dehors, c’est quel siècle ? ».
Le temps du poème n’est donc pas seulement celui du siècle – 1909/2009 -, celui des injonctions historiques, il est aussi celui du tempo propre à chaque oeuvre -
Bel canto
ou Paroles, Instant fatal ou Feuillets d’Hypnos ;  celui de ce tempo interne qui, selon Ossip Mandelstam, fait du lecteur de poèmes leur « interlocuteur providentiel », notion qui a peu à voir avec le public d’une époque, celui des romans notamment, mais avec la voix intime qui glisse, transpire, suinte à travers voire contre les mots. Quand elle n’est pas un hurlement.
Il ne faut pas s’étonner si les livres de poésie –  non pas les anthologies qui les disloquent -  ne nous parviennent que  par les chemins de traverse de la condition politique qui est faite au langage, en particulier à ce langage qui ne raconte ni ne cause, mais qui essaye de dire l’indicible : l’aube, la vitesse, la guerre, l’enfance, l’inavouable, l’inouï, toujours par rythmes et prosodies personnels.
A vouloir faire du poète on ne sait quel néo-philosophe, quel technicien de laboratoire, quand ce n’est pas un initié du grand songe ou l’avatar du théologien,  on se paye la tête de la poésie. Son  propos – physique et métaphysique - est bien plus modeste : « Ne me parlez pas de ce que vous dites. Je ne vous demande pas ce que vous dites. Je vous demande comment vous le dites […] C’est là qu’il faut attendre tout un chacun » (Péguy, Un poète l’a dit).
Le présent du « comment vous le dites » peut nous diviser ou nous ravir, troubler l’ordre public et privé, semer la discorde, mais il ne se divise pas :  il nous démultiplie. On se risquera à en suggérer quelques parcours.

     Jérôme Roger 
 

Photographie: Ossip Mandelstam (1891-1938)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour ,
Votre blog est haut lieu de poésie et de connaissance .
Et comme je suis un boulimique de poésie, je me permets de mettre votre blog en lien avec le mien ....

Avec un grand bonjour du Maroc

Mohamed