mardi 4 novembre 2008

Un colloque à venir autour de Jacques Prévert

Ci-dessous, ce qu'on peut lire sous la signature de l'ami Fabrice Thumerel sur le site libr-critique (il suffit de cliquer sur le titre ci-dessus et vous y êtes...) :


Une exposition à l’Hôtel de Ville de Paris et un colloque à l’Université d’Artois vont permettre de (re)découvrir un artiste polymorphe longtemps ignoré par les institutions littéraires.

« Quand je ne serai plus, ils n’ont pas fini de déconner ! Ils me connaîtront mieux que moi-même ! » (Jacques PRÉVERT)

 

Celui qui, bien qu’ayant fréquenté les avant-gardes, est considéré comme un écrivain populaire, un auteur-pour-la-jeunesse et, plus généralement, un artiste engagé ô combien touche-à-tout, a en effet connu une reconnaissance tardive : si de nombreux établissements scolaires portent son nom, il a fallu attendre l’orée du XXIe siècle (décembre 2000 exactement) pour que vît le jour le premier grand colloque sur son œuvre, au titre révélateur : Frontières effacées (Textes réunis par Carole Aurouet, Daniel Compère, Danièle Gasiglia-Galster et Arnaud Galster, Genève, L’Âge d’Homme, janvier 2004, 216 pages). Transgresser les frontières et (se) défier (de) l’intelligentsia (voir le collage ci-joint) - l’intelligentsia, cette « société secrète des gens les plus atteints » par le virus de l’intelligence (« La Sagesse ou Les Poux dans la tête ») : de quoi irriter le milieu !

À L’ÉCOLE PRÉVERT
colloque organisé par Francis MARCOIN, Serge MARTIN et Fabrice THUMEREL,
Université d’Artois, JEUDI 14 ET 
VENDREDI 15 JANVIER 2009
[colloque.prevert.artois@orange.fr]

Les points de vue contradictoires que nous offrent à distance deux écrivains contemporains en vue sont tout à fait emblématiques de la réception de Prévert depuis plus d’un demi-siècle. Côté blâme : « L’intelligence n’aide en rien à écrire de bons poèmes ; elle peut cependant éviter d’en écrire de mauvais. Si Jacques Prévert est un mauvais poète, c’est avant tout parce que sa vision du monde est plate, superficielle et fausse. Elle était déjà fausse de son temps ; aujourd’hui sa nullité apparaît avec éclat, à tel point que l’œuvre entière semble le développement d’un gigantesque cliché » (Michel Houellebecq, « Jacques Prévert est un con »,Interventions, Flammarion, 1998). Côté éloge : « C’est tout simple et génial. L’enfance de l’art ou l’art de l’enfance […]. La simplicité mène le jeu des mots et des rythmes. L’homme reste un enfant perdu chez les grands. Pourquoi renoncer au meilleur de soi-même ? Prévert enchante… l’art de rien » (Yann Queffelec, « La Poésie est l’un des surnoms de la vie »,Télérama, hors-série n° 74, 2000).

C’est cet art de l’enfance, indissociablement lié à un subtil art de rien, que nous proposons d’explorer dans ce colloque. Si l’enfance occupe une place prépondérante dans son œuvre et si Prévert témoigne à ce point de l’esprit d’enfance qu’il n’hésite pas à s’engager dans la voie périlleuse de créations spécifiques, est-il pour autant légitime de lui accoler des étiquettes qui, dans le champ littéraire contemporain, sont pour le moins dévalorisantes, du genre « auteur-pour-récitations », « poète-pour-enfants » ou « surréaliste mineur » ? Le problème avec l’œuvre de Prévert, et Bataille l’avait perçu dès 1946 dans son article de Critique (n° 3) , c’est qu’elle est ambivalente, relevant du populaire comme du cultivé : d’une part, il pratique sans compter des genres mineurs, comme l’ inventaire, la « poésie en exercice(s) » , la comptine et la chanson, le conte pour enfant ; d’autre part, il ne néglige nullement la poésie savante, excelle dans le collage surréaliste et recourt même au genre autobiographique.

Se mettre à l’École Prévert, c’est assurément refuser les académismes pour s’accorder à sa lyre et à ses délires ; c’est emboîter le pas à cet enfant sage des Imaginaires, « qui transforme, en souriant, le langage des images, comme il réforme et reforme les images du langage qu’on lui apprend habituellement, quand elles lui semblent être, et c’est souvent, les messages du mensonge » ; c’est se mettre à l’école de la poésie, c’est-à-dire de la vie : « La poésie, c’est ce qu’on rêve, ce qu’on imagine, ce qu’on désire et ce qui arrive, souvent. La poésie est partout comme Dieu n’est nulle part. La poésie, c’est un des plus vrais, un des plus utiles surnoms de la vie » (Hebdromadaires, avec André Pozner).

PRÉ-PROGRAMME

Jeudi 15 janvier :
* Matin : Francis MARCOIN, « Jacques Prévert, le point de vue critique de l’enfance » ; Fabrice THUMEREL, « À l’école Prévert : sociogenèse d’un mécréant » ; Serge MARTIN,  « L’Enfant Prévert, entre mythe et utopie, poème et poésie ».

* Après-midi : Philippe PAÏNI, « Liberté de parole, liberté d’écoute » ; Laurent MOUREY, « Paroles en tête. Lecture-écriture avec Prévert » ; Jérôme ROGER, intervention sur la poésie de Prévert ; Marianne BERISSI, « À l’ombre de Prévert. La fortune éditoriale de Prévert en littérature de jeunesse ».

Vendredi 16 janvier
* Matin : Christine PLU, « Illustrer les poèmes de Jacques Prévert, tout simplement, l’art de rien ? » ; Christine PRÉVOST, « Petit Claus et Grand Claus » (sur l’adaptation d’Andersen en 1964 par Grimault et les frères Prévert) ; Danielle DUBOIS, « Interpréter Prévert en classe ».

* Après-midi : Patrick LOUGUET, « Quand l’art du cinéma de Jean Renoir exalte l’esprit d’enfance accordé à la poétique de Jacques Prévert dans le film de 1936, Le Crime de M. Lange » ; Yannick BUTEL, « Sur le théâtre de Prévert » ; table ronde autour de Prix et profits.

Dernière minute : La participation de Carole Aurouet, spécialiste reconnue de Prévert, est confirmée.

JACQUES PREVERT, PARIS LA BELLE
Exposition gratuite à l’Hôtel de Ville de Paris du 24 octobre 2008 au 28 février 2009
(Salle St Jean, 5 rue Lobau, 75004 ; réservation : 01 42 76 51 53)

 L’inventaire Prévert s’effectue en huit étapes : 1. Enfance et adolescence ; 2. Le surréalisme. Rue du Château ; 3. Le groupe Octobre. Théâtre et politique ; 4. Le cinéma ; 5/6. Paroles et musique ; 7. Photographies ; 8. Prévert et les arts plastiques.

À noter les deux magnifiques catalogues :
* Eugénie Bachelot-Prévert et N.T. Binh, Jacques Prévert, Paris la belle. Le catalogue de l’exposition, Flammarion, 2008, 240 pages, 35 € (broché) ou 49 € (relié).
* Carole Aurouet, Jacques Prévert, Paris la belle. Le catalogue jeunesse, Flammarion, 64 pages, 12 €.

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