jus de grenade à Haïfa (novembre 2008)
les verres penchent dans l’amitié quand les rues tombent vers la baie et le Liban dans la nuit est là dans le même ciel
nous renversons tous les rapports de force en quelques mots et sourires pendant que les poèmes viennent de Nazareth
ils font l’amour pas la guerre tu sais pourtant t’énerver quand la guéguerre des places augmente les petits mots tueurs
le désastre de la poétisation et je bois ton rire jusque dans l’eau rouge qui suit les traces des fleurs de Bahá’i perdues
dans les ruelles et marches du port fermé nous partons dans l’autre sens en marchant sur le ciment frais du dimanche
elles remontent au Carmel jusqu’au trentième étage et le vertige de l’impossible recommence avec cet avion
il passe la frontière en arrosant les plantes assoiffées de ton jus de grenade mon explosante fixe viens nous perdre
faire l’amour pas la guerre je sais pourtant me calmer quand la danse des éthiopiennes efface la poésie grandiloquente
des grands communicants de l’espace francophone oui nous buvons avec les vivants du poème je cours vers tout
ton hébreu truffé d’anglais et de berechit nous commençons éternels débutants de la guerre dans le langage sous le soleil
ta grenade impossible à acheter dans le souk de Jérusalem jour du shabbat en attendant que le tram porte les mains serrées
chacun dans le langage-relation avec la guerre pressée dans le jus de ta grenade écrasée dans nos valises comme
un poème qui vient sans jamais dire la paix des autres la guerre de soi comme un geste inaccompli une bière sans mousse
je te bois dans tous les jus de grenade pressée alors tu commences à me parler dans l’hébreu d’une voix arabe sans rien
comprendre
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