Je viens de lire L'Obscur travaille de Henri Meschonnic (Arfuyen, 2011) et j'ai écrit des notes en marge qui figurent ici sous le livre, sa couverture - il m'aurait fallu reproduire les pages avec ces notes marginales. Elles s'arrêtent à ce jour mais reprendre le livre en donnerait bien d'autres, un autre jour. Je mets "notes" au pluriel car je ne peux pas, pour l'instant, écrire une note de lecture.
Il est à remarquer que contrairement à ce qu'on peut supposer, ce livre posthume a bel et bien été entièrement écrit par Henri Meschonnic si l'on excepte deux choses : l'ajout des dates et parfois lieux d'écriture conformément à tous les livres de Meschonnic qui à l'état de manuscrit voire de tapuscrit sont régulièrement datés voire localisés feuille à feuille ou du moins morceau par morceau. Toutefois, on remarquera que dans tous les ouvrages publiés antérieurement aucune date ni aucun lieu n'est mentionné. Régine Blaig, qui a assuré la préparation à l'édition, a certainement voulu montrer le caractère spécifique de ce livre posthume. Je regrette toutefois ce parti pris qui peut sembler montrer une écriture au fil des jours quand tout livre de Meschonnic - et celui-ci comme les autres - est un livre, c'est-à-dire une organisation, un mouvement de la parole, un rythme qui peut comprendre une allure diariste mais jamais ne peut s'y réduire et quoiqu'il en soit ne l'avait jamais fait croire auparavant - ce qui veut simplement dire qu'il est évident que Meschonnic écrivant son livre n'a pas forcément repris tous les textes écrits au fil des jours, qu'il a écrit un livre comme poème à la fois poursuivant le poème des livres antérieurs et creusant le poème de son écriture et c'est magistralement le cas ici si l'on fait abstraction de ces mentions ajoutées par l'éditrice. Il s'agit de ne jamais confondre le biographique et la vie ou le vivant du langage, ce que Meschonnic appelait merveilleusement dans une tenue du continu: La Rime et la vie - confusion du biographique et de l'écriture que aussi bien la génétique textuelle ou toute autre maîtrise sur l'écriture tente parfois de faire accroire.
c’est clair c’est l’inconnu
avec la connaissance biblique tes clartés
vers l’immensité à saisir les autres et l’eau de la mer
dans un arbre perché se reconnaître
avec autant de nœuds s’embroussailler
un poème une relation les yeux fermés les yeux ouverts
devant c’est dedans
veiller dormir alors
l’obscur travaille
trois fois c’est sans cesse tout le monde entre
je pleus je nuage je soleille
la lumière de chaque ligne éblouit
à se perdre en cri entre deux murs l’enfant revient et l’arbre revient
ça survient et c’est tout toi le ciel l’enfant l’arbre en travers en mouvement
en moi l’eau dans l’eau
le poème le bougé la relation de partout les métamorphoses les reflets
nous nous reconnaissons
c’est la suite visage nuage
je voyage ensemble je répète tu répètes je ne sais plus rien dire un tour et un tour
autour la ronde autour
ni dedans ni dehors
le poème attend son commencement au bord de ta voix je vois des vies
j’attends j’entends tu viens je te suis
mes arrivées font tes départs
et vivre va vite et tu cours devant
avec toutes mes attentes mes feux
ma voix dans ta vie dans ma voix
la relation le système solaire le jour la nuit sa chaleur
on est doublement uni qui écrit ce cri
ma vie entière dans ta main dans ma voix dans mes yeux dans ta bouche
le bleu du ciel le chaud du soleil le haut de l’arbre le vol des oiseaux
le poème la ronde le poème
de ta vie je réponds toujours de ta voix
ta vive voix ma vivante tu me poème
(ce morceau d'un ensemble : Dédicaces poèmes vers Henri Meschonnic)
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