samedi 31 janvier 2009

Au pays de l'oubli (chapitre 2)


Son visage d’enfant donna une grande joie. À son auditeur. Mais vint le soir. Quand la lumière tombe. Une peur étrange le saisit. Il lui vint une peur comme aux enfants. Qui dorment dans le noir. Un aveuglement. Subitement il était aveugle. Le peu de réalité encore visible. Disparaissait. Se révélait insensée. Rien ne servait de s’accrocher. À quelque objet. Une ronde l’isolait de tout. Cette ronde d’ombres ne cessait. Le paralysait. Du fond de lui. Venaient des paroles. Des chansons. Des récitations. Mais tout ce sang qu’il s’évertuait à faire couler. Plus vite ne servait de rien. Les ombres de la ronde en étaient multipliées. La ronde en était redoublée. Et lui au centre. Comme sous le poids d’une toupie qui le forait. Et lui au centre s’emplissait de froid. Un froid l’emplissait. Il courut à l’air libre. Un peu de lumière. L’eau de la fontaine. L’espoir de l’aube. La ronde était restée dans la chambre. Dans la nuit. Elle avait cependant gravé son sillon dans son corps. Dans son esprit. Dans ses rêves. Un rien d’obscurité. L’emportait sur la lumière. Et la chanson de la ronde. Recommençait. Le sillon s’approfondissait. Les ombres se multipliaient. Le froid revenait. Augmentait. 

Aucun commentaire: