Autant de couleurs que… la couleur, tu dis, Ben-Ami
tournoiement du trait
avec la main
qui creuse
le deuil d’une pseudochromie
pendant que s’élancent
les accents fuligineux
de la lumière vive
éclatante de couleurs
l’ici-bas du vertige
avec trois mains
au moins
la géométrique de ces perspectives particulières quelquefois ancrées dans le support par ces relevés référenciés toujours rejouant la possibilité d’une direction des lignes de fuite vers un impossible point de convergence
la picturale de ces aplats étirés taches et coulures valeurs d’une transmutation du graphite qui souffle sur le papier avec chaque fois le renouvellement d’un saturnisme qui enroule la surface dans des profondeurs invisibles
la sinueuse de ces traits exacerbés d’une violence convulsive et sans rémission rejouant les figures croquées et filtrant l’hasardeuse apparition du mouvement vers des caresses et jouissances hors représentation
alors vient le dessin
non l’image ou la douleur
et encore la jouissance
pour des passages lumineux
des seuils qui obscurcissent le sens
et trouent toujours ta cécité
sans en avoir l’air d’en avoir une grande mine de rien de noir
sans aucun semblant la grande tournure circule modestement
à tous est offert l’accueil avec des corps qui cherchent
les visages qui traversent aucun jeu de physionomie
les multiples traces d’un gisement d’alluvions amoureuses
les veines inépuisables d’explosion la secrète machination
d’une vision vers la mesure des corps divinement à vif
dans l’informe du cauchemar des vies usées et défaites
les essais et travaux sans cesse repris par l’énergie
la lutte pugnace contre l’oubli et pour l’oubli révélé
avec la hantise des ombres qui vivent sous les traits
les cadres déformés déchirés délabrés pour que rien n’arrête
le mouvement de ces corps sans limites dans leur passage
décrivant le plein de leur présent et l’impossible chute
sans que l’écrasement ne vienne défaire l’envol ici
ils crient ou appellent dans un silence foudroyant
autant d’élévations qui ouvrent aux formulations
les formes circulent dans les dessus-dessous des plans
qui tournent vers les secrètes concentrations lumineuses
tout est abandonné surtout l’image pour que l’énorme
et presque l’invisible ne soient pas vus mais vécus là
maintenant les visages reposent dans tout le corps
rouge l’empreinte
aux bords laissée
comme un poinçon
la distance d’un sceau
ce cachet turgescent
supplée à la nomination
et signe l’appel
tu réponds en ouvrant les petites portes
jusqu’au regard derrière chaque dessin
les béances d’une mémoire à vif et l’oubli
la remémoration organique disperse
la surface comme des yeux troués
aucune anatomie quand les corps tournent
les mains parcourent les peaux et les pores
ces convulsions et empoignades étalent
un choc amoureux contre les morts du corps
l’impénétrable à vif
le désir inachevé
tous les corps continuent dans les visages des mains qui n’arrêtent pas de couvrir d’amour la lumière venue à notre regard enfin maintenant
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