mardi 23 décembre 2008

Vertige du graphite (avec Ben-Ami Koller)




Autant de couleurs que… la couleur, tu dis, Ben-Ami

 

 

tournoiement du trait

avec la main

qui creuse

le deuil d’une pseudochromie

pendant que s’élancent

les accents fuligineux

de la lumière vive

éclatante de couleurs

 

l’ici-bas du vertige

avec trois mains

au moins

 

la géométrique de ces perspectives particulières quelquefois ancrées dans le support par ces relevés référenciés toujours rejouant la possibilité d’une direction des lignes de fuite vers un impossible point de convergence

la picturale de ces aplats étirés taches et coulures valeurs d’une transmutation du graphite qui souffle sur le papier avec chaque fois le renouvellement d’un saturnisme qui enroule la surface dans des profondeurs invisibles

la sinueuse de ces traits exacerbés d’une violence convulsive et sans rémission rejouant les figures croquées et filtrant l’hasardeuse apparition du mouvement vers des caresses et jouissances hors représentation

 

alors vient le dessin

non l’image ou la douleur

et encore la jouissance

pour des passages lumineux

des seuils qui obscurcissent le sens

et trouent toujours ta cécité

 

sans en avoir l’air d’en avoir une grande mine de rien de noir

sans aucun semblant la grande tournure circule modestement

à tous est offert l’accueil avec des corps qui cherchent

les visages qui traversent aucun jeu de physionomie

les multiples traces d’un gisement d’alluvions amoureuses

les veines inépuisables d’explosion la secrète machination

d’une vision vers la mesure des corps divinement à vif

 

dans l’informe du cauchemar des vies usées et défaites

les essais et travaux sans cesse repris par l’énergie

la lutte pugnace contre l’oubli et pour l’oubli révélé

avec la hantise des ombres qui vivent sous les traits

 

les cadres déformés déchirés délabrés pour que rien n’arrête

le mouvement de ces corps sans limites dans leur passage

décrivant le plein de leur présent et l’impossible chute

sans que l’écrasement ne vienne défaire l’envol ici

 

ils crient ou appellent dans un silence foudroyant

autant d’élévations qui ouvrent aux formulations

les formes circulent dans les dessus-dessous des plans

qui tournent vers les secrètes concentrations lumineuses

 

tout est abandonné surtout l’image pour que l’énorme

et presque l’invisible ne soient pas vus mais vécus là

maintenant les visages reposent dans tout le corps

 

rouge l’empreinte

aux bords laissée

comme un poinçon

la distance d’un sceau

ce cachet turgescent

supplée à la nomination

et signe l’appel

 

tu réponds en ouvrant les petites portes

jusqu’au regard derrière chaque dessin

les béances d’une mémoire à vif et l’oubli

la remémoration organique disperse

la surface comme des yeux troués

 

aucune anatomie quand les corps tournent

les mains parcourent les peaux et les pores

ces convulsions et empoignades étalent

un choc amoureux contre les morts du corps

 

l’impénétrable à vif

le désir inachevé

 

tous les corps continuent dans les visages des mains qui n’arrêtent pas de couvrir d’amour la lumière venue à notre regard enfin maintenant

 

 

 

 

 

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