vendredi 9 février 2018

petite suite Fautrier


 La peinture est une chose qui ne peut que se détruire, qui doit se détruire, pour se réinventer.
Jean Fautrier

tu viens du noir ou
plutôt
tu grattes ce noir comme
l’obscur nous gratte dans
sa lumière
juste obtenue d’un ongle
sur ma peau mais
je te suis en forme
précise dans l’amas de mes mains
cette auréole  comme venue
de nos yeux
dans les yeux

et si la peinture danse comme
tes seins portent
en avant tout
le buste ou c’est comme les cils
du vent dans les arbres
tu penches vers nous perdre au tourbillon

comme les chats il dit
et il gratte
toute cette saleté de la peinture
de la vie
pour s’en aller où
mais très propre
les mains lavées comme après
une grande toilette
tu fais mon
élégance il redit

de la jolie fille au
fusillé c’est tu vois bien la même
peinture
comme ton geste
continué d’un jour à une nuit
d’une touche violente
dans ta douceur à peine ton grain
de couleur abouché mais alors
tu souffres quand
je jouis et
l’inverse disent ces tableaux
à plat sur notre table du matin
ils hurlent en silence et continuent
la poussée de nos vies
comme si on commençait

toute ta rage m’informe
hors de tout
arrêt sur une image
tout est à faire avec
toi
j’enrage sans avoir jamais
su bien nager
dans le monde de l’art
et de la vie
je sais qu’avec toi c’est toujours
un corps à corps à neuf



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