lundi 14 novembre 2011

Où le visible pense l’invisible

Où le visible pense l’invisible, aquarelles et encres de Marianne K. Leroux avec la voix des poètes : Thimothée Laine, Patrice Llaona, François Migot et Philippe Païni, L’atelier du grand tétras, 2011.
Vingt-neuf très belles reproductions en quadrichromie de vingt-neuf aquarelles de Marianne K. Leroux auxquelles s’adjoignent quatre poètes ouvrent et ferment ce livre postfacé en quatrième de couverture par l’éditeur, Daniel Leroux, auquel son épouse dédie ce livre et qui aimerait qu’un tel livre offre à son lecteur « l’éveil des Formes promises de l’Inconnu ». MKL a accompagné Daniel depuis ses débuts en édition : un tel accompagnement en édition et en revue – je pense à La Racontote – n’est pas anodin, c’est un élargissement non seulement pour ce qu’on voit avec et dans les livres mais aussi pour ce qu’on vit avec l’art – et le langage. Que ce livre d’art se concentre sur ces vingt-neuf aquarelles, en laissant pour plus tard (?) d’autres aspects du travail de MKL, qui offrent d’échappée bleue en bleu furtif une nuit abondante de passages, et nous voilà au seuil d’un balbutiement retrouvé. Peut-être que les aquarelles de MKL tiennent leur force d’une telle ouverture vers le langage,le poème du langage que ses titres suggèrent à leur façon discrète, balbutiante. Elles nous ouvrent le regard à cet état naissant de la parole et donc de la vie. L’art n’y est alors qu’au point de désapprendre ce qui fut apprendre qu’il s’agisse de couleur ou de forme, de sujet ou de rythme, de matière ou de composition. Les aquarelles de MKL semblent en effet continuer des métaphores de la lumière qui éclairent encore et encore les effluves d’une « heure très rare », comme dit Thimothée Laine : une lumière qui vient du fond, précise Patrice Lloana, « vers l’espoir d’une source », ajoute François Migeot ; et comme suggère Philippe Païni, « l’indéniable » et « l’inexorable » de l’art de MKL « nous improvisent ».
En fin de compte, ce premier livre d’art des éditions est un geste qui nous prend par l’infini de ce qui bouge encore dans et par l’art de MKL et qu’on ne saurait nommer autrement qu’à cesser d’en tourner les pages de fugue en dédale, de légende en épreuve de l’absence. On espère bien que pour notre plaisir et dès que les 275 exemplaires seront épuisés un autre livre d’art montrera le continu de ce geste.



Aucun commentaire: