Chloé Bressan, Ces
abîmes des promenades, Tregunc, La Sirène étoilée, 2014.
Un théâtre vocal en 26 séquences. Avec des voix qui font
corps. Combien de voix. Une ou plusieurs. Peu importe. Chaque voix en est
pleine. De voix. Les personnages alors sont comme les mannequins de Schutz. Que
voix. Ne peuvent rester en place. Marchent. Comme les voix, font relation.
Muent et meuvent. La terre, la forêt, la ville, les rêves. Cela demande que les
phrases tournent. Souvent sur elles-mêmes comme derviches ou plutôt s’envoûtent.
Ressassent à la manière de Ghérasim Luca non réductible à quelque procédé. Bégaiement
ou autre puisque ça tourne. Reprises. Coutures et ressouvenirs en avant. Et
c’est jamais les mêmes. Phrases comme paroles toujours au commencement d’un
venir. Jusqu’à l’inouï : cette
homme. Une femme dit je suis cette
homme. Voir le féminin par l’écriture comme si l’inattendu. L’écriture fait
venir. Le théâtre de voix fait voir les voix dans leur mue. Pas étonnant qu’un
ange y grossisse. Engrossement d’une volubilité. Mais aussi retenue. La prière
des mains jointes ne peut se dire prière. Et le rêve nous fait tourner. Danser
dans la forêt des phrases. Un phrasé qui hallucine. Ma lecture hallucinée comme
si piquée à la rose d’un dire. Aucune gesticulation performative. Des gestes
comme intérieurs. Mentaux mais tellement pleins de corps. Des rêves pour
survoir dans l’embrasure d’une femme. Dans les lèvres d’une voix. Voir cette homme et la mère de cette forêt.
Se lier. Se perdre. La confusion des paroles vers une clarté. Comme un
enroulement dans les lignes des mains. Les phrases s’y écrivent dans les
emmêlements de promenades. Elles creusent leurs abîmes. On ne lit pas
impunément. Visiblement on fait l’expérience d’un inconnu de la jouissance. Ou
c’est le cri. On a comme peur au bord du livre. Peur de jouir. La
peur qui tire, attire. Dans la voix qui tombe ou monte. On écoute encore.
Encore. Encore.
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